Et hop! On retourne voir notre jeune femme souriante au Airport Bus Service pour lui demander si notre billet est un round trip. Bien sûr que non, comprend-on après un exercice exhaustif de gestes pour lui faire comprendre notre dilemme. Bref, il aurait fallu le demander AVANT. La Brésilienne a seulement acquiescé à notre demande pour l’aller. Évidemment qu’elle n’allait pas prendre les devants et nous suggérer un billet de retour... La loi du moindre effort? Manque de rigueur ? Ou du je-m’en-foutisme?
On tente donc de choisir une heure de retour. Rien de dispo avant 21h. Ce qui fait en sorte que nous reviendrons à l’aéroport pour 22h, si la circulation d’après-match est fluide, bien entendu. Cela nous laisserait seulement 30 minutes avant notre vol pour Salvador. Impossible. Faut trouver un plan B, d’ici quelques heures, nous qui ne connaissons rien du réseau de transport en commun local. Chouette! Grande respiration... On figurera ça plus tard. Rendons-nous plutôt au stade.
L’autocar de luxe part avec quelques minutes de retard, rempli de partisans brésiliens, déjà gonflés à bloc pour le premier match de leur équipe nationale. Comme il en est devenu la pratique commune - et insensée - au fil des ans dans le monde du sport, l’Arena Corinthians, future demeure du club professionnel du même nom après le Mondial, a été construit à l’autre bout de la 417... euh, dans le fin fond du nulle part brésilien plutôt.
Photo: Patrick Woodbury |
Après avoir emprunté une artère importante, l’autobus a sillonné des plus petites rues où nous avons pu voir le «vrai» Brésil, diront certains. Maisons délabrées, graffitis, et jeunes et adultes vivant avec le strict minimum ont défilé devant nous yeux. Pas forcément des bidonvilles comme ceux que j’avais visités au Mondial de l’Afrique du Sud en 2010, mais pas loin. Des surfaces de jeu - qu’on ne peut appeler de véritables terrains de soccer - pullulent aussi. Souvent, ils sont bordés de débris ou de déchets tandis que les jeunes jouent allègrement avec un semblant de ballon, confectionné avec des matières recyclées. Au bout du compte, il s’agissait peut-être d’une favela, l’équivalent des ghettos sud-africains. Je ne sais pas. Mais certes un quartier qui a vu de meilleurs jours.
Photo: Patrick Woodbury |
Et quand on voit ce nouveau stade de plusieurs centaines de millions de dollars se dresser devant nous, on comprend mieux pourquoi des milliers de Brésiliens ont pris la rue dans la dernière année pour dénoncer les quelque 11 milliards $ dépensés par le gouvernement brésilien aux dépens d’une meilleure éducation et un meilleur système de santé, tant souhaités par les habitants du pays, quand même classé dans le top-10 mondial au chapitre de l’activité économique.
Cette bipolarité bien réelle choque. Carton rouge au gouvernement brésilien?
- Jean-François Dugas
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