jeudi 12 juin 2014

«Captain Awesome»


WASHINGTON - La première fois que j’ai vu Mike, il s’installait dans le siège à ma gauche dans le minuscule avion nous transportant d’Ottawa à Washington. Un passager comme un autre me suis-je dit.  Une fois que nous avons atterri dans la capitale américaine, toutefois, nous avons appris à connaître «Captain Awesome».

Comme nous, le type originaire d’Ottawa espérait «attraper» sa correspondance en soirée mardi pour se rendre à Sao Paulo.  Comme nous, il a attendu de longues minutes avant que l’on décolle de la capitale canadienne. Comme nous, il a dû se poser des questions dans les airs sur ses chances d’arriver à temps à l’Aéroport international Dulles. Comme nous, il a couru à la porte d’embarquement de l’avion 4206 United pour assurer sa place sur le vol.  Comme nous, il est retourné bredouille au comptoir du service à la clientèle de la compagnie aérienne pour attendre son sort.

Contrairement à nous, il ne s’est jamais découragé, impatienté ou perdu le moral. Mike est du genre à toujours voir le bon côté des choses. Cet esprit libre, éternellement positif, gardait le sourire et la bonne humeur.

Au fur et à mesure que l’heure avançait, et comme en veut la tradition des compagnons d’infortune en voyage, chacun a raconté sa petite histoire. Mike s’est particulièrement démarqué par sa bonne humeur. Un peu rêveur et idéaliste, guitare à ses côtés - vous voyez l’image - notre bohème du jour employait à profusion le mot awesome lors de la majorité de ses interventions au groupe.

«Hey, nous devrions tous louer une auto et conduire à Miami pour prendre un vol là-bas! That would be an awesome trip...», a-t-il justement mentionné alors que ça faisait une bonne heure que nous faisions la file.

Questionné davantage sur ses plans rendus au Brésil, «Captain Awesome» avait établi son itinéraire jusqu’au 1er juillet. Genre.

«J’ai obtenu des billets pour des matches à Fortaleza, Natal et Recife.  Mais je ne sais pas trop comment je vais m’y rendre encore. Bah, je louerai une auto ou je ferai du pouce. On verra...  J’assisterai aussi au match de quart de finale le jour de la fête du Canada. That’s going to be 
awesome...»

Ce sont ces mêmes villes que Patrick et moi avons décidé de biffer de notre itinéraire en raison des dangers de la route fréquents.  Les fameux hijack d’autocar  en pleine nuit. Lorsque nous l’avons mis au courant de cette probabilité - et des difficultés de se rendre du point A au point B, notamment en raison des longues distances - Mike n’a pas bronché : je trouverai un moyen.

Idem pour son retour. Pour l’heure, il n’a toujours pas acheté son billet pour revenir au pays.

«Je verrais ce que je fais après le 1er juillet, je resterai peut-être plus longtemps. I am sure I will have some awesome experiences...»

Je me souviens d’un autre entretien que nous avons eu dans la salle d’attente à l’aéroport, cette fois concernant mes expériences antérieures à la Coupe du monde.  Je lui ai indiqué que le Brésil s’avérait le quatrième Mondial auquel j’assisterais après celui des États-Unis, de la France et de l'Afrique du Sud.

«Wow! You are a rockstar man! That’s awesome...»

Vous comprenez maintenant pourquoi nous avons décidé de le nommer affectueusement «Captain Awesome»?  Le choix s’imposait même si nous avons flirté avec le sobriquet «L’Artiste». Anyway, ce dernier est déjà associé à l’ancien joueur du CH et des Sénateurs, Alex Kovalev...

Je vous racontais aussi dans mon dernier texte que certains de nos expatriés avaient adopté une philosophie plus combative en réaction aux retards que nous avons subis.  Je vous ai aussi mentionné que Mike était le plus zen de nous tous.

«La bonne volonté raccourcit le chemin», dit le proverbe brésilien.

C’est sûrement pour cette raison que «Captain Awesome» a été le premier parmi nous tous à obtenir son ticket pour le Brésil...

-Jean-François Dugas


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